”Célébrons le printemps”

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A l’arrivée du mois de mars, mon magnolia fleurit.
Malgré le ciel gris, malgré le vent, malgré le froid encore présent.
Je regarde à travers la vitre cet appel au renouveau,
à toutes les renaissances.
Au mystérieux  passage de l’état de chenille à la splendeur du  papillon.
Tant de messages dans ces pétales délicates, dans ces tiges fragiles…
Que puis-je leur dire sinon ma gratitude, pour ce printemps qui nous parle
si amicalement, avec tant de sagesse dans chaque bourgeon?

Je vous invite à célébrer le Printemps avec moi,
en vous proposant mes Histoires Ephemères, et mes Merveilles Contées.
Bonne promenade, et bonne lecture.
Et merci à vous tous.

”Histoires éphémères”

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J’aime les crèches et leur parfum d’innocence.
Constructions éphémères porteuses d’un récit.
Chaque année j’en conçois une,
autour d’un mot qui traduit le plus fidèlement mes émotions,
mes pensées, mes rêves et espoirs, vécus pendant l’année écoulée.
Mes créations trouvent leur inspiration entre mon souvenir de la crèche traditionnelle,
celle que je découvrais avec émerveillement dans mon enfance,
et ma vie d’aujourd’hui.
Elles sont composées de figurines de la tradition provençale,
santons que j’ai moi-même peints, il y a longtemps déjà,
ainsi que d’autres éléments,
tous ayant une signification particulière, un lien de coeur.
J’aime travailler le papier, le carton, certains végétaux,
les sables et les poudres de couleur, et toute sorte de pierres,
facilitant les tracés et les écritures variées.
Jeux, joie, nostalgie, enfance, et transformation.
Des messages que j’adresse, tel des cartes de voeux, aux autres ainsi qu’à moi-même.

”Merveilles Contées”

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Parmi les histoires les plus extraordinaires qui soient, celle de L’Enfant-Poisson était sa préférée.

Alice fermait les yeux et voyait apparaître la citadelle aux murs blancs,
aux toits plats, dorée par le soleil couchant.

On entendait les vagues, puissantes, frapper les roches
et les couvrir d’une broderie d’écume douce et fraîche.

Alice révait.

Elle révait de ce moment unique, où, là, au milieu des vagues, dans le ventre sombre de la mer,
elle pourrait enfin apercevoir L’Enfant-Poisson, NAITRE !

Emerger dans un tourbillon liquide et lumineux, et presque par miracle,
se couvrir d’écailles irisantes, au couleur de l’arc-en-ciel.

Entendre le rire cristallin de cet enfant joyeux au regard profond.

Le voir semer sa route de prodigieuses paroles ,
remplissait le coeur d’Alice d’une joie sans pareil.

Elle se disait à elle même, pendant qu’elle songeait à lui:
C'est un coeur généreux, ignorant de ses multiples dons d’exception.

Oui! Il l’était.
Il était humble; et admirable.

Sa nature marine, son inépuisable va et viens, le souvenir de ses voyages
dans des lunaisons aquatiques et planétaires, l’avaient métamorphé en hybride merveilleuse.

Ses parents, le voyant arriver par des chemins inattendus,
chevauchant L’Oiseau Bleu aux Flammes Ailées,
Le nommèrent LHASARD, ce qui pour eux signifiait « Celui qui renaît ».

Déjà dans leur lignée, ce prénom nommait un lointain cousin
ériger par le peuple en Saint-Homme-faiseur-des-miracles.
Un saint apôtre, disaient les gens qui louaient sa mémoire
et fleurissaient sa tombe des larmes de gratitude.

Alice avait découvert, un jour qu’elle suivait ses traces humides sur la plage,
Que cet admirable hybride avait des REVES,
Intenses!
Immenses!
Dignes du Beau Cygne Blanc qu’il deviendrait un jour.
Il rêvait d’un Empire.
Il rêvait du Trône de cet Empire.
Il rêvait d’Etre l’Empereur…

Avec une écriture encore au monde de l’innocence, 
Il avait rédigé une longue lettre destinée aux Pairs du Royaume.
Il demandait humblement de l’aide pour bâtir de ses mains cet incomparable construction
qui était la sienne.
Nobles et courtisans, princes et savants, liraient son message.
Certains avec inquiétude; d’autres avec indifference; et les inévitables indécis,
se vêtirent d’une douteuse méfiance.

« Que faire? »…
Se disaient ses parents le voyant accablé de tristesse, aller et venir sans répit;
ses écailles devenant pâles et humides.

Quand on le questionnait sur sa personne,
Il répondait avec gravité :
       »Je suis un enfant mélancolique »

Ses affirmations, ses goûts, ses passions, ses préférences,
furent qualifiées de prétentions insensées;
des actes pouvant semer le désordre.
Son humour et son espiéglerie, furent pour les courtisans bornés, et les pages timorés,
de l’irrespect et de l’insouciance.

Alice observait avec consternation, les méfaits du venin des langues ennemis.
Leurs remarques insidieuses, voilées de compassion.
Et la saveur de leur médiocre ennui, de leur constant mépris.

Mais notre créature marine déployait sans méfiance aucune,
Ses talentueuses pensées ailées.
Elles avaient une patine nacrée,
tant elles avaient été forgées dans le jardin de son esprit, dans le secret de son âme.

Ses disparitions, autant soudaines que silencieuses,
laissaient dans leur sillage, une brume anxieuse.
Difficile de savoir les chemins qu'il empruntait.
Peut-être dans des royaumes voisins, peuplés des grottes humides et mystérieuses?…

A son retour,
son sourire lumineux effaçaient les craintes et les soupçons.
Il apportait toujours avec lui, des soleils et des lunes, des myriades d’étoiles étincelantes.
Ces luminaires étaient les fleurs de son JARDIN,
qu'il arrosait amoureusement de sa tendresse.

On regrettait ses colères.
Parfois comparables a la fureur des tempêtes marines,
quand le ciel s’assombrit; et l’orage déclenche la rage puissante du tonnerre.

Voyant ses rafales cinglantes et répétées,
Alice restait muette et incapable de lui répondre.
Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, et le bercer tendrement.
Lui dire que son étrange condition, sa nature marine, sa rareté,
était un inestimable TRESOR.
Mais elle avait peur.
Elle craignait froisser encore plus ses écailles multicolores,
abimer par maladresse ce qu'il y avait de plus précieux en lui:
 sa mission, sa destinée.

Alice se disait: « nous naissons tous sous la lumière de l’Etoile qui est la nôtre;
la sienne, le guidera dans l’obscurité.

Et ainsi fut.

Un jour, au lever du soleil, il découvrirent son Jardin des Prodiges, dévasté.
Alice, ses parents et lui même,
essayeraient de sauver d’une mort certaine, quelques tubéreuses exsangues.
Mais ce fut inutile…

De mauvaises créatures étaient venues à la tombée de la nuit,
piétiner et  voler les pieces maîtresses de son jardin.
Par simple jalousie;
par une vorace cupidité.
Envieux de ces parterres des étoiles-fleurs, des fleurs-soleils,
des lunes-pétales-du-ciel,
fleurissant  en toute liberté.
La plus belle floraison, sans conteste, des jardins environnants.

Ces voleurs, ces envieux, ignoraient que l’existence de son Jardin des Prodiges,
dépendaient uniquement des battements de son coeur;
de sa grandeur d’âme.
Sa foi et ses espoirs, son être tout entier, est là, palpitant à chaque instant.

L’Enfant-Poisson pleura de toutes ses célestes écailles,
et ses larmes marines par centaines des centaines,
donnèrent naissance larme par larme à son Empire rêvé.
De chaque fleur brisée, de chaque pétale piétinée, de chaque tige détruite,
la trace de sa souffrance bâtit son Empire.
Villes somptueuses, jardins d' incomparables parfums, routes rayonnantes.
Tout un univers d’amoureuses creations, émergea enfin.

Et il fut apaisé.

Avec le temps,
Il devint un Homme-Poisson,
avec de nouvelles écailles, de nouveaux rêves,
entourer de ceux qu’il aima et qui l' aimeraient en retour.
Et ainsi il fut à vie, Empereur de son Empire, régnant avec sagesse.

Pendant que ses parents vécurent sur cette terre,
Il resta toujours pour eux, leur trésor.
Un compagnon de route incomparable.

Alice fut immensément heureuse de le voir rayonner,
vibrer de la musique de ses écailles,
et devenir lui même, un Prodigieux Jardin.


                                  Lucila Viso.

 
                                 Paris, 5 mars 2023.